L’écoresponsabilité pour les commerces de mode : quels leviers activer ?

Juin 23, 2023 | Actualités Fastmag, RSE

De plus en plus de consommateurs s’interrogent sur les conséquences de leurs achats et se tournent vers la fair fashion. Des conditions de travail dignes, un impact modéré sur l’environnement et des produits durables sont les principales composantes de cette nouvelle tendance. Pour y répondre, les commerces de mode cherchent à devenir écoresponsables. Cela passe par la mise en place de nombreuses actions s’inscrivant dans une démarche RSE (responsabilité sociale et environnementale). Les relations avec les partenaires, fournisseurs, sous-traitants, clients et salariés y sont revues, ainsi que toutes les actions quotidiennes visant à améliorer leur empreinte carbone.

L’écoresponsabilité pour un commerce de mode

L’industrie de la mode est l’une des plus polluantes au monde. Matériaux médiocres, process de fabrication polluants, conditions de travail déplorables… La mode est de plus en plus pointée du doigt par les consommateurs et nombreux sont ceux qui cherchent à s’habiller autrement. Le commerce écoresponsable s’attache à proposer des solutions pour répondre à la demande de ces clients, en intégrant dans ses prises de décisions les impacts environnements et sociaux générés par son activité. La gestion doit ainsi être réalisée en prenant en compte des considérations autres que celles économiques. Le bénéfice dégagé ne devient pas le seul critère de réussite. Des indicateurs quant au respect de la nature et de l’environnement doivent être pris en considération. Mode éthique, slow fashion/fair fashion, matériaux nobles, style intemporel, qualité plutôt que quantité, ce business modèle est à rebours de ce qui se fait dans la fast fashion.

Comment devenir un commerce écoresponsable ?

Les leviers pour devenir un commerce écoresponsable sont nombreux et variés. Certaines actions sont faciles à mettre en place, d’autres demandent plus d’effort. Au responsable du commerce de choisir et de prioriser ce qu’il souhaite faire.

Proposer des produits écoresponsables

L’écoresponsabilité des articles vendus dans les commerces de mode passe par plusieurs volets : les conséquences environnementales, sociales, avec les conditions de travail des salariés, ainsi que sociétales, pour tout ce qui touche à la représentation des standards de beauté et à l’inclusion.

Choix des matières premières

Les produits vendus dans le commerce doivent être issus de matières premières :

  • Éthiques, comme le coton bio ;
  • Durables, comme la laine ou le cashmere ;
  • Cultivées localement telles que le lin ou le chanvre ;
  • Peu consommatrices en eau comme le tencel® (lyocell), une matière produite avec de la pulpe de bois et de solvant non toxique ;
  • Végans et cruelty-free, en excluant par exemple le cuir ou la soie.

Certains produits doivent être exclus, notamment les dérivés du pétrole. Il est aussi possible de faire le choix de vendre des produits à partir de matières premières recyclées ou de se tourner vers l’up-cycling. En vogue, cette tendance vise à fabriquer des vêtements à partir de tissus ou de vêtements inutilisés.

Élaboration des produits

La fabrication des vêtements doit bien entendu respecter l’environnement. On évitera ainsi l’utilisation de produits chimiques pour les teintures afin de privilégier les process naturels. Chaque modèle doit garantir une écoconception et c’est tout le cycle de vie du produit qui est scruté. Les conséquences écologiques, sociales et économiques des étapes de fabrication, de distribution, de consommation et de disparition, de sa conception à sa fin de vie, doivent ainsi faire l’objet d’une optimisation.

Durabilité

Les produits vendus en magasin doivent être durables dans le temps. Cela signifie en premier lieu qu’ils doivent être solides et ne pas s’abimer en quelques lavages. Sa durabilité est également liée à son style : la coupe, les couleurs, le modèle, tout doit permettre au produit d’être intemporel, tels les basiques que l’on garde dans son armoire d’années en années. Les collections deviennent alors permanentes. Enfin, le commerçant doit prodiguer des conseils d’utilisation afin de faire tenir les produits le plus longtemps dans le temps. Il peut aussi, dans une optique similaire, proposer des ateliers de couture ou d’upcycling.

Sélection scrupuleuse des fournisseurs et sous-traitants

Que le commerçant choisisse de vendre sa propre marque, dont il aura élaboré les produits et confié la fabrication à un atelier, ou qu’il revende les produits d’un tiers, le choix des fournisseurs et des sous-traitants, sur toute la chaîne d’approvisionnement, est essentiel. Pour cela, un cahier des charges prenant en compte les différents critères souhaités par le commerçant doit être élaboré. Des audits peuvent également être conduits afin de vérifier sur place si les demandes sont bien respectées.

Il existe à ce titre des labels visant à garantir qu’un vêtement est bien écoresponsable. Le Textile Fairtrade Standard a ainsi été créé en réponse à la catastrophe du Rana Plaza. Il comporte plusieurs volets sur toute la chaîne d’approvisionnement, des producteurs aux points de vente finaux. Plusieurs champs sont ainsi examinés :

  • Les conditions de travail : horaires et salaires décents, risques pour la santé et la sécurité limités, interdiction du travail forcé…
  • L’impact environnemental : élimination des eaux usés, limitation des rejets dans l’atmosphère et dans l’environnement en général, bannissement des substances nocives, gestion des déchets…
  • La transparence et traçabilité des produits.

Ce label est délivré par un organisme indépendant, le FLOCERT. Il existe bien d’autres labels et certifications, et le Textile Fairtrade Standard n’en est que l’un d’eux. Tous n’ont pas la même portée et le même sérieux. Sa fiabilité dépend de plusieurs facteurs : son financement, sa direction, son indépendance, sa gouvernance et sa transparence.

Inclusion

Les consommateurs sont de plus en plus à la recherche d’une mode inclusive, c’est-à-dire s’adaptant à toutes les tailles et à toutes les morphologies. Les produits proposés en vente doivent donc respecter cette demande, et aller de la taille XS à XXL et plus. Chacun doit pouvoir trouver le produit qui lui correspond. Les standards de beauté, au sein même du commerce, sont aussi à revoir, ainsi que la communication et le marketing qui vont avec. Les mannequins en photo dans le magasin, sur le site e-commerce et sur les réseaux sociaux doivent représenter cette diversité.

Conditions de travail

Autre volet à prendre en compte pour déterminer si les produits sont écoresponsables : les conditions de travail. On le sait, dans les pays à faible coût, les salariés du textile sont souvent payés très faiblement pour des heures de travail longues et intenses, et dans des conditions parfois dangereuses. Il faut donc choisir des prestataires qui garantissent de bonnes conditions de travail si la production est effectuée dans ces pays. Il est aussi possible de choisir une fabrication plus proche, en France ou en Europe, où l’on sait que le droit du travail du pays sera appliqué. Le volet social peut également s’appliquer en mettant en place des programmes de réinsertion dans les ateliers, ou en recrutant des personnes handicapées (au-delà du minimum légal prévu en France).

Transparence auprès des tiers

Les tiers, en particulier les clients, doivent avoir des informations sur les produits qu’ils achètent. Ils doivent connaître la composition du produit, mais aussi le lieu de fabrication et les conditions de travail. Ces informations peuvent se trouver par exemple sur le site Internet du commerçant. Certains professionnels de l’habillement ont quant à eux choisi de noter leurs produits selon des critères environnementaux.

Circuit court et relocalisation

Alors qu’il y a encore quelques années, les marques de prêt-à-porter ne juraient que par la délocalisation de leur production dans les pays à faible coût, certains commerçants et certaines marques ont voulu repasser sur une production locale. La relocalisation de la production est là encore un levier pour rendre son commerce écoresponsable. Produits tricotés à la main en France ou production dans les filatures du Nord, mettant à l’honneur le savoir-faire national, gage du respect du circuit court et de la réduction de l’impact sur l’environnement du transport des marchandises, voilà des critères recherchés par les commerçants écoresponsables.

Mettre en place un service de location de vêtements

Bien que ce service soit encore peu répandu, la demande des consommateurs étant encore faible, de plus en plus de marques et de commerçants du textile planchent sur la location de vêtements. Plusieurs questions doivent se poser pour les commerçants : durée de la location, avec ou sans engagement, possibilité d’acheter les vêtements ou non, box libres ou préconçues…

Reprendre les vêtements déjà portés, et proposer un corner 2nde main

Le marché de l’occasion est en plein boom. Les entreprises dans le secteur sont de plus en plus nombreuses. Certaines mettent en relation directement les particuliers entre eux, d’autres jouent un rôle d’intermédiaire en garantissant le produit, par exemple dans le luxe, et enfin certaines s’adressent directement aux entreprises en leur proposant de se charger de tout ce qui touche à la seconde main au sein de leur entreprise.

En tant que commerçant dans le secteur de la mode qui souhaite être écoresponsable, il est donc important de proposer aux clients des actions dans le cadre de cette économie circulaire. Vous pouvez par exemple reprendre les anciens vêtements achetés en magasin pour les remettre en rayon s’ils sont encore en bon état, ou les donner à des associations et des entreprises de recyclage.

Proposer des actions solidaires

Les commerces de mode qui souhaitent améliorer leur écoresponsabilité peuvent s’engager dans des actions solidaires. Les exemples sont vastes et nombreux : offrir un vêtement à une association pour chaque produit acheté, sponsoriser des évènements caritatifs, soutenir une cause sociale, compenser ses émissions de CO2, mener des actions solidaires avec des ONG, s’engager à planter un arbre pour chaque vêtement vendu…

Réaliser des actions directement en magasin

Le magasin, en tant qu’espace, doit aussi être écoresponsable. Cela passe notamment par une consommation d’énergie maîtrisée et des déchets correctement gérés.

Maîtriser sa consommation d’énergie

Les actions à mener pour maîtriser sa consommation d’énergie sont nombreuses et variées :

  • Réaliser des travaux d’isolation afin de diminuer les déperditions d’énergie. Il est possible pour cela d’installer des fenêtres à double vitrage ou de créer une toiture végétale ;
  • Choisir un fournisseur d’énergie verte, proposant une électricité 100% renouvelable ;
  • Baisser le chauffage : on estime qu’un degré de moins équivaut à une baisse de 7% de sa facture ;
  • Installer des détecteurs de présence pour gérer l’éclairage, et des régulateurs de flux sur les robinets ;
  • Choisir des équipements peu énergivores et changer les ampoules à incandescence pour des LED.

En gérant les déchets

La loi anti-gaspillage pour l’économie circulaire interdit depuis le 1er janvier 2022 les fabricants et les distributeurs à détruire les invendus non alimentaires. Comment donc se débarrasser des invendus ? Tout d’abord, il faut en avoir le moins possible. Encore une fois, cela passe par la création d’intemporels et de basiques : un trench beige, un jean classique, une petite robe noire, un tee-shirt blanc…si les produits ne sont pas démodés, ils pourront revenir de saisons en saisons. La maîtrise des approvisionnements est également essentielle pour avoir le moins de stock dormant possible.

Et sinon ? Donner une seconde vie aux invendus en les revendant via des plateformes de vente privée, des destockeurs ou des marchés à l’export, tout en limitant la baisse de valeur de la marque.

Pour le reste des déchets, la première piste, encore une fois, est de les limiter au maximum en faisant attention au packaging et en limitant le plastique. Et s’il en reste encore :

  • Mettre en place des poubelles de tri : papier/carton, plastiques, verre, composteur de matières organiques pour les déchets alimentaires (par exemple pour les salariés qui déjeunent sur place ou pour le café) ;
  • Ramener ou devenir soi-même un point de collecte pour les piles et les batteries usagées ;
  • Réutiliser les cartouches d’encre vides en les faisant remplir dans un magasin spécialisé ;
  • Proposer aux clients des sacs réutilisables, ou en consigne, plutôt que des jetables.

Inciter les salariés à adopter des écogestes

Les salariés du commerce ont aussi leur part à jouer, grâce à l’aide de leur employeur qui pourra :

  • Mettre à leur disposition des contenants réutilisables comme des gourdes ou des tasses pour éviter l’utilisation du plastique ;
  • Leur verser des indemnités kilométriques vélo, installer un abri pour les deux roues si le local le permet, les inciter à prendre les transports en commun ou à faire du covoiturage ;
  • Les sensibiliser : éteindre la lumière dans des espaces où ils ne se trouvent pas, recycler, baisser le chauffage, couper la clim ;
  • S’ils ont une adresse électronique professionnelle, leur demander de supprimer les mails inutiles et volumineux ;
  • Les solliciter, leur demander leur avis et être ouvert à toutes les propositions.

Les autres pistes à explorer

Voici d’autres pistes à explorer :

  • Acheter des biens d’occasion pour son matériel ;
  • Utiliser des matériaux naturels comme le bois, pour se doter par exemple d’étagères de rangement ;
  • Sélectionner les modes de transport et les transporteurs attentivement ;
  • Choisir une banque éthique ;
  • Utiliser des produits sans danger pour la planète pour le nettoyage des locaux.

Comment s’assurer que le commerce de mode est bien écoresponsable, et qu’il le reste ?

Une fois toutes ces solutions mises en place, reste maintenant à savoir si le commerce est bien écoresponsable. Un audit est pour cela nécessaire, soit en interne, soit en passant par un cabinet spécialiste de la question, comme Ecovadis. Il est aussi possible d’obtenir un diagnostic individuel gratuit dans le cadre du Plan France Relance ou d’obtenir un suivi personnalisé de l’ADEME. N’hésitez pas non plus à réaliser régulièrement des veilles informationnelles ne serait-ce que sur Internet, à vous rendre à des salons professionnels dédiés ou à faire appel à des agences spécialisées dans le domaine.

En résumé

  • Le choix des produits est le premier levier pour devenir un commerce de mode écoresponsable ;
  • Il est essentiel de choisir des matières premières, et des produits entrant dans la confection du produit, écologiques ;
  • Les vêtements doivent être solides et intemporels pour les faire durer dans le temps ;
  • Il est important de sélectionner attentivement les fournisseurs et sous-traitants ;
  • D’autres critères, comme l’inclusion et les conditions de travail, sont tout aussi importants ;
  • L’économie circulaire doit être implantée, via des systèmes de location de vêtements et/ou la reprise et revente de produits d’occasion ;
  • Le magasin, en tant qu’espace, doit limiter sa consommation d’énergie, et sa production de déchets ;
  • Les salariés doivent être impliqués dans le process.
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